Notre histoire
Fondée en 1973 par Bernard Rodenstein, Espoir est une association colmarienne, un mouvement d’action humanitaire et un groupe de réflexion qui œuvre depuis 50 ans dans le champ de l’action sociale, en intervenant auprès d’un public en situation de précarité. Elle est présidée par Renée Umbdenstock.
« Il était une fois » par Bernard Rodenstein, fondateur de l’association Espoir
« Une sonnette. Une sonnette de presbytère. A ne pas confondre avec une sonnette ordinaire. Par le nombre de coups, par la durée et l’insistance des sonneries, un débutant pouvait être conduit à croire que le ciel venait de tomber sur la tête d’un quidam de passage, cherchant du secours de toute urgence. Au bout de quelques années de pratique, le réflexe fut de vérifier s’il y avait quelques pièces salvatrices dans mon porte-monnaie avant d’aller à la rencontre de l’obstiné carillonneur. Emile, Jean, Louis, Pierre, Paul, Jacques se tenaient devant la porte, à tour de rôle, souvent pitoyables, pauvres vagabonds, parfois éméchés, revendicatifs, voire menaçants. Comme la plupart de mes collègues, plus anciens et plus expérimentés, il ne m’a pas fallu trop de temps pour comprendre que plus vite la pièce passait dans leur poche, plus vite on ne voyait plus que les talons du quémandeur, si ce n’était une chaussette trouée ou des pieds nus…
Ne pouvant ou ne voulant pas accorder à ces êtres en décalage total avec nos paroissiens habituels, l’écoute et l’accompagnement dont ils auraient besoin et qu’ils n’expriment souvent même plus, nous réglons la question au plus vite par une échappatoire certes peu coûteuse, mais rudement efficace… C’est depuis toujours, la solution de la mauvaise conscience. Il y a pire c’est vrai : ne pas entendre la sonnette, ne pas voir l’autre, faire un grand détour pour éviter d’être sollicité… Les humains qui ne marchent pas dans les clous, qui ne produisent et qui ne consomment pas selon les normes, doivent eux aussi aller ou être mis de force et pêle-mêle, dans des « trucs », des « machins » qui seraient à ces sous-humains ce que la poubelle est aux déchets. Longtemps, j’ai cru qu’il n’y avait pas d’autre choix. C’était l’avis général. Entre l’élimination et la pitié, entre la pénalisation de la pauvreté et la charité quelque peu hypocrite, j’avais opté pour la seconde. Ce fut intenable. Comme les fameux coups de sonnette. Avec quelques amis d’abord, avec des amis de plus en plus nombreux au fil des années qui se sont se succédées depuis 1973, nous avons inventé ESPOIR. Rien de très génial : « essayer de reconnaître en tout être humain un être capable d’aimer et digne d’être aimé » (extrait de la charte d’ESPOIR). Partant de là, il suffisait et il suffit encore aujourd’hui de décliner aussi concrètement que possible ce que cela peut vouloir dire pour telle femme battue, pour tel jeune devenu insupportable à sa famille, pour telle famille contrainte à l’exil, pour des centaines et des milliers de prétendus « maillons faibles ».
Durant ces quarante-cinq dernières années, ont été mises sur pied des structures d’accueil, d’hébergement et d’accompagnement, y compris dans la longue durée, qui assurent des réponses immédiates et concrètes à des personnes en difficulté.
La solidarité entre tous est possible. Elle est la voie de la sagesse et du respect mutuel.